terça-feira, 20 de outubro de 2009

«Nierez-vous qu’il y ait des choses anesthésiques ? Des arbres qui saoulent, des hommes qui donnent de la force, des filles qui paralysent, des ciels qui coupent la parole? »
M. Teste reprit assez haut :
— « Eh ! monsieur ! que m’importe le « talent » de vos arbres, — et des autres !… Je suis chez moi, je parle ma langue, je hais les choses extraordinaires. C’est le besoin des esprits faibles. Croyez-moi à la lettre : le génie est facile, la fortune est facile, la divinité est facile. Je veux dire simplement — que je sais comment cela se conçoit. C’est facile. Autrefois, — il y a bien vingt ans, — toute chose au-dessus de l’ordinaire accomplie par un autre homme, m’était une défaite personnelle. Dans le passé, je ne voyais qu’idées volées à moi ! Quelle bêtise !… Dire que notre propre image ne nous est pas indifférente ! Dans les combats imaginaires, nous la traitons trop bien ou trop mal !… »
Il toussa. Il se dit : « Que peut un homme ?… Que peut un homme !… » Il me dit : « Vous connaissez un homme sachant qu’il ne sait ce qu’il dit ! »

Paul Valéry, La Soirée avec Monsieur Teste, aqui.

Nous étions à sa porte. Il me pria de venir fumer un cigare chez lui.

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