Mais il faut le reconnaître: Platon
n'a pas trouvé ce qu'il cherchait. Ou pour être plus exact:
Platon n'a pas réussi à rapporter aux hommes ce qu'il avait trouvé
au-delà des limites de la connaissance possible. Quand il essayait
de montrer aux hommes ce qu'il avait vu, cette chose se transformait
mystérieusement sous ses yeux en son contraire. Il est vrai que ce
“contraire” nous séduit et nous charme par le reflet de
l'ineffable qui réveille chez les mortels les souvenirs de la
plénitude et de la beauté initiale, infinie et surhumaine de
l'être. Mais l'ineffable est resté tel. Il est difficile de voir le
Créateur du monde, est impossible de le montrer. L'ineffable est
ineffable parce que et pour autant qu'il s'oppose par sa nature même
non pas à l'incarnation en géneral, mais à l'incarnation
définitive et dernière. Il s'incarne, mais ne peut et ne veut se
transformer en connaissance, car la connaissance, c'est la
contrainte; la contrainte, c'est la soumission, la perte, la
privation qui cache en somme au fond d'elle même la terrible menace
d'acquiescentia in se ipso.
L'homme cesse d'être un homme et devient une pierre douée de
conscience.
Léon
Chestov, Athènes et Jérusalem, Boris de Schloezer (trad.), Aubier.
1993.
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