Tu es pressé d'écrire,
comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
la vie inexprimable,
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de
t'unir,
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par
les choses,
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques
fragments décharnés
au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le
mouchoir aride,
en t'inclinant.
Si tu veux rire,
offre ta soumission,
jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se
poursuit
sans interruption
sans égarement.
Essaime la poussière.
Nul ne décèlera votre union.
René Char, Commune présence: choix de poèmes, Éditions Gallimard, 1964.
http://mdcia.wordpress.com/2012/10/16/fizeste-bem-em-partir-arthur-rimbaud/
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