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quarta-feira, 25 de janeiro de 2012

Des analyses très orientales


     "... ça doit être intéressant comme livre. C'est une histoire mystique", poursuit l'homme d'un air sérieux. Et Rassoul continue à maudire son aphonie, son incapacité à raconter qu'en effet Dostoïevski n'est pas un écrivain révolutionnaire et communiste, mais un mystique. Lui l'a répété cent fois, mais ses professeurs russes ne l'admettaient pas ce genre d'analyses très orientales. D'ailleurs, ils n'aimaient pas du tout Dostoïevski. En Russie, il n'était nullement apprécié des communistes. Impossible pour eux d'accepter que la pensée de Dostoïevski dépassait la psychologie de l'homme pour atteindre à la métaphysique... Ce livre est à lire en Afghanistan, un pays autrefois mystique, qui a perdu le sentiment de responsabilité. Rassoul est convaincu que si on l'enseignait ici il n'y aurait pas autant de crimes.
     Quelle âme naïve!
    Oublie Dostoïevski, sauve ta peau, écoute cet homme qui te demande: "Dès que tu auras retrouvé ta voix, viens me voir pour discuter de tout ça, tranquillement."

Atiq Rahimi, Maudit soit Dostoïevski

sexta-feira, 13 de janeiro de 2012

Raskólnikov afegão

À peine Rassoul a-t-il levé la hache pour l'abattre sur la tête de la vieille dame que l'histoire de Crime et Châtiment lui traverse l'esprit. Elle le foudroie. Ses bras tressaillent; ses jambes vacillent. Et la hache lui échappe des mains. Elle fend le crâne de la femme, et s'y enfonce. Sans un cri, la vieille s'écroule sur le tapis rouge et noir. Son voile aux motifs de fleurs de pommier flotte dans l'air avant de choir sur son corps replet de flasque. Elle est secouée de spasmes. Encore un souffle; peut-être deux. Ses yeux écarquillés fixent Rassoul, debout au milieu de la pièce, l'haleine suspendue, plus livide qu'un cadavre.
 Atiq Rahimi, Maudit soit Dostoïevski, 2011